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C'est pas mon idée !

jeudi 8 décembre 2011

La guerre du porte-monnaie mobile est déclarée

Gants de boxe
Si les sirènes du paiement sur mobile vous ont endormi(e) avec leurs chants monotones des 10 dernières années, réveillez-vous ! La révolution n'est pas encore pour demain mais l'avenir se décidera en 2012. Une infographie du magazine Fast Company présente sa vision du sujet, sous la forme d'un combat en 6 rounds et un vainqueur. Lecture, analyse et commentaires...

Notons d'emblée que, selon l'auteur, la perspective d'une adoption massive du porte-monnaie mobile, quelle qu'en soit la technologie, est encore très lointaine (envisagée entre 2019 et 2022), ce qui semble pessimiste, malgré la prudence que suggèrent les promesses non tenues du passé.

Entrons dans le vif du sujet. Au cours des 7 à 10 ans qui nous séparent de cette échéance, 6 des 7 participants à la bataille en seront successivement "exclus" :
  1. Les banques. En dépit de leurs atouts (relations avec les consommateurs et les marchands, maîtrise d'une large part du marché des paiements...), elles ne sont pas très innovantes et ont une culture d'évitement du risque qui les place rapidement hors-jeu. Elles resteront néanmoins présentes en arrière-plan dans les initiatives et nous reviendrons plus loin sur leur rôle, qui ne sera tout de même pas négligeable.

  2. Les commerçants. L'exemple de Starbucks, avec ses résultats impressionants, pourrait susciter des vocations mais, pour ces acteurs, il fait plus de sens, à terme, d'établir un partenariat avec un spécialiste à l'assise beaucoup plus large.

  3. Les startups. Toutes les sociétés émergentes, qui rivalisent d'idées originales et de développements rapides pour de nouvelles solutions de paiement, finiront par être confrontées à la difficulté critique de leur distribution. Leur avenir, pour les meilleures d'entre elles, passe donc par une acquisition par une entreprise plus importante.

  4. Les réseaux de paiement. Visa (avec payWave) et MasterCard (avec PayPass) sont déjà bien avancés dans le paiement sans contact, qui constitue un premier pas vers le mobile. Ils sont également présents (et souvent actifs) dans toutes les initiatives en cours. Mais ils n'ont pas, pour l'instant, de relations directes avec les porteurs de carte, ce qui limite leur capacité à définir le porte-monnaie du futur.

  5. Les opérateurs de télécommunication. Ils savent gérer les paiements (via leurs factures ou en mode prépayé) et ils ont décidé de s'unir pour s'imposer (ISIS aux Etats-Unis ou, sur un autre modèle, Buyster en France). Mais, comme les banques, ils ne sont pas particulièrement aptes à l'innovation et la concrétisation de leurs annonces est souvent longue et décevante...

  6. PayPal. Concurrent très sérieux, qui part de sa position de leader dans les paiements digitaux et prépare sa stratégie dans le commerce de proximité, PayPal est handicapée par son besoin d'établir des relations avec les commerçants "physiques", inexistantes aujourd'hui.

Qui reste-t-il alors en 2020 ? Les géants technologiques ! Amazon ou Facebook pourraient facilement s'introduire dans ce petit cercle mais, à défaut, les vainqueurs annoncés sont Google (Wallet) et Apple. Je laisserai (au moins provisoirement) de côté ce dernier dont, d'une part, je ne crois pas à l'entrée sur le marché des paiements et, d'autre part, il ne me semble pas disposer d'une position si avantageuse.

Dans la bataille du porte-monnaie mobile, Google a pour lui des moyens (financiers et technologiques) colossaux, une capacité d'innovation toujours solide, une relation étroite avec des millions de consommateurs, une maîtrise de l'écosystème mobile (avec Android) et une certaine influence sur les commerçants. C'est-à-dire tous les facteurs de succès que ne savent pas rassembler les autres acteurs.

Il faut noter que dans cette vision, plusieurs des participants "écartés" au fur et à mesure des rounds successifs tireront malgré tout leur épingle du jeu, si toutefois Google s'en tient à son modèle actuel : les banques et les réseaux de paiement sont essentiels à la fonction de paiement de Wallet (avec laquelle la géante californienne n'a apparemment aucune intention d'interférer), les startups peuvent espérer être acquises, les commerçants bénéficieront des effets de massification...

En revanche, ceux qui risquent de disparaître sont les opérateurs, qui sans être rejetés par Google, sont pour l'instant laissés de côté car n'apportant pas de valeur réelle dans le modèle "Wallet". Et, dans ce contexte, il n'est pas étonnant que l'un des plus puissants d'entre eux, Verizon Wireless (par ailleurs membre du consortium ISIS), ait ouvert les hostilités, en refusant la présence du porte-monnaie de Google dans les mobiles qu'il distribue. Il sera intéressant de voir si une telle prise de position est viable mais, pour ma part, je suis convaincu qu'elle ne tiendra pas longtemps, ce qui signifiera la fin d'une forme de pouvoir abusive.

Enfin, pour les acteurs français qui se croient à l'abri de ces agitations américaines, préparez-vous à l'arrivée de Google en Europe : aux dernières nouvelles, son porte-monnaie débarquerait au Royaume-Uni à temps pour les J.O. de Londres, l'été prochain. Pour les plus visionnaires, l'occasion serait belle de faire partie des premiers partenaires de Wallet dans l'hexagone. Si vous n'êtes pas à la pointe de l'innovation, n'hésitez pas (au moins) à vous raccrocher à une entreprise qui l'est et qui a besoin de vous !

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