Free cookie consent management tool by TermsFeed
C'est pas mon idée !

lundi 10 mars 2025

Nirvana assure les poids lourds à l'IA

Nirvana
Quand on parle d'assurance à l'usage, on pense généralement aux véhicules des particuliers, alors que les poids lourds représentent un marché probablement plus propice à ce genre d'approche. Aux États-Unis, quelques startups se positionnent, parmi lesquelles Nirvana qui approche du statut de licorne grâce à des résultats encourageants.

Le principe de l'offre, qui concerne les camions individuels comme les flottes, correspond à ce que l'on connaît déjà pour l'automobile : en partageant un accès aux données télématiques collectées – comprenant la géolocalisation, la vitesse, les accélérations et freinages… ainsi que des captures vidéo, uniquement dans les cas d'accident – les clients bénéficient d'une tarification qui prend en compte le comportement de conduite et peut de la sorte leur faire économiser jusqu'à 20% sur leurs primes.

Naturellement, la particularité de ce segment professionnel réside dans la disponibilité « native » des informations nécessaires à une évaluation des chauffeurs, à la fois celles qui sont transmises individuellement par les systèmes de suivi installés dans tous les véhicules modernes, pour la mesure en temps réel, et celles que fournit le régulateur du transport routier, qui servent de référence aux modèles d'analyse actuarielle (à base d'intelligence artificielle, inévitablement !) mis en œuvre par la jeune pousse.

Toujours à l'image de ce qui se fait couramment pour le grand public, Nirvana capitalise en outre sur la connaissance qu'elle acquiert auprès de ses différentes sources dans un but de renforcement de la sécurité. Il peut s'agir, classiquement, de formuler des recommandations spécifiques sur les habitudes du conducteur, ou, plus intéressant, de la mise en avant, à des fins pédagogiques proactives, des zones dans lesquelles les contrôles révèlent des infractions réglementaires particulièrement fréquentes.

Nirvana. Safer. Smarter. Fairer.

La proposition de valeur de Nirvana (et de ses consœurs) s'inscrit dans un contexte plutôt tendu pour le secteur du transport nord-américain, avec la menace que font peser sur son activité et, par conséquent, sa rentabilité, les taxes douanières instaurées par la nouvelle administration sur les échanges avec le Mexique et le Canada, qui représentent une part importante du fret à l'échelle du pays. Dans une logique de chasse aux coûts, l'argument du prix constitue ainsi l'arme ultime de l'assurance à l'usage.

En tout état de cause, le modèle se révèle parfaitement adapté au transport routier, jusqu'à présent largement négligé par des acteurs qui préfèrent souvent s'adresser aux marché de masse des particuliers, plus « intuitif ». Non seulement les données requises à sa mise en place sont-elles aisément accessibles, leur mise à la disposition d'un assureur est aussi moins sujette à questionnement sur la protection de la vie privée, puisqu'elles sont déjà exploitées par les outils de gestion et, pour partie, le régulateur.

dimanche 9 mars 2025

À l'ère digitale, UniCredit se cherche

UniCredit
Avec la finalisation de l'acquisition, annoncée l'été dernier, de la belge Aion Bank et de son fournisseur technologique Vodeno, UniCredit confirme sa stratégie agressive d'ajustement de son modèle pour l'ère « digitale ». Quitte à courir plusieurs lièvres à la fois, sans trop se préoccuper de la cohérence entre ses différentes « aventures ».

D'emblée, l'institution italienne semble ainsi faire le grand écart entre cette opération, sur laquelle elle mise en grande partie pour rajeunir sa vision de ses métiers, et ses visées sur l'allemande CommerzBank (qui semblent aujourd'hui au point mort), établissement historique s'il en est. Il est vrai que dans les deux cas, l'expansion géographique européenne – en priorité vers la Pologne pour ce qui concerne Aion – figure au cœur des ambitions. Mais celle-ci réserve également sa dose d'ambiguïté.

En parallèle, l'ajout de Vodeno à sa panoplie suscite en effet chez l'italienne de sérieuses velléités de développer dans les principaux marchés où elle est présente les activités de « banque en services » – permettant de proposer à des entreprises non financières de distribuer de manière totalement transparente des produits et services de gestion de comptes, de paiement, de crédit… – qui constituent une des particularités (évidemment attractives) de la collaboration de la jeune pousse avec Aion.

Et ce n'est pas tout ! Il est en outre question de capitaliser sur les pratiques et le socle logiciel à l'état de l'art de Vodeno – nativement compatible avec l'infonuagique, entièrement basé sur une architecture d'API (et mâtiné de blockchain, dont elle est de la sorte une des dernières adeptes de son mythe désormais périmé) – dans le but de disposer d'une plate-forme autorisant la création rapide, à moindre coût, de solutions susceptibles de répondre aux besoins des nouveaux segments qu'elle désire cibler.

UniCredit x Aion x Vodeno

Sur ce volet de la modernisation « digitale », UniCredit souligne son positionnement spécifique à la croisée des acteurs traditionnels qui lancent une marque et une offre dédiées moyennant des investissements lourds (approche sur laquelle elle s'est déjà elle-même plus ou moins cassé les dents), les fournisseurs de technologie qui conçoivent des systèmes génériques et les startups de la FinTech qui manquent de ressources pour déployer un catalogue étendu. L'argument pèserait s'il s'accompagnait d'une perspective de transition de l'existant vers le modèle idéal ainsi esquissé… mais celle-ci n'est que vaguement sous-entendue, jamais exprimée formellement.

Il est vrai qu'une telle orientation ajouterait de la confusion à un plan de croissance déjà trop dispersé et ce d'autant plus que les exemples de réussite en la matière sont plutôt rares (je ne connais que le cas de NAB avec UBank, qui a pris de longues années et a probablement couté une fortune), la plupart des initiatives étant abandonnées en cours de route (faute de persistance dans la démarche ou de courage au moment d'envisager la bascule, entre autres). Ce sera donc, au mieux, une option lointaine.

À travers la double acquisition d'Aion Bank et de Vodeno, UniCredit démontre une lucidité plutôt rare dans l'industrie quant à la nécessité de ré-évaluer le concept de banque pour le XXIème siècle, autant du point de vue de son infrastructure informatique que de ses méthodes de distribution (en services, notamment). Malheureusement, elle prend un énorme risque avec sa mise en œuvre en choisissant de poursuivre simultanément une stratégie de conquête à laquelle elle devra consacrer des efforts et budgets qu'il vaudrait mieux réserver exclusivement à sa rénovation, prioritaire.

samedi 8 mars 2025

Les ados débordés par les moyens de paiement

ABN AMRO
Une enquête, soutenue par ABN AMRO, auprès d'environ 1 600 jeunes néerlandais de 12 à 18 ans et fréquentant l'enseignement secondaire illustre à quel point la multiplication des outils de paiement handicape leur capacité à gérer leur budget et reflète l'importance de leur fournir une éducation financière adaptée à notre ère « digitale ».

N'allez pas croire que c'est l'insouciance qui engendre l'ignorance généralisée dans laquelle sont les adolescents de leur situation financière globale – 43% seulement des répondants déclarant par exemple connaître la somme dont ils disposent. Au contraire, ils sont de plus en plus nombreux à consulter régulièrement leur application bancaire afin de savoir où ils en sont : deux tiers vérifient leur position au moins une fois par semaine, contre la moitié lors de la précédente étude, réalisée il y a cinq ans.

Ce qui leur pose le plus de problèmes, en réalité, tient à la diversité de leurs usages et des instruments qu'ils emploient. Alors qu'ils ont désormais presque tous une carte de paiement, ils ne pensent pas toujours à intégrer dans leur perception de leurs avoirs les sommes en espèces qu'ils possèdent… mais, avec la disparition progressive des pièces et des billets dans leur quotidien, cet oubli n'est résolument pas le plus grave.

En revanche, le remboursement à prévoir des emprunts faits à leurs proches, notamment leurs amis, lorsqu'ils épuisent leur réserve (ce qui arrive occasionnellement à plus d'un sur deux), passe fréquemment à la trappe. Pire, leur recours compulsif aux applications permettant de demander à un contact de régler sa quote-part d'une dépense partagée (trois quarts de l'échantillon sont adeptes, pour une moyenne de 20 opérations par mois !) conduit à un endettement important masqué, quand les demandes restent longtemps en attente. À l'opposé, les retours d'achats en ligne, devenus une seconde nature, représentent des rentrées dormantes, elles aussi exclues.

ABN AMRO – Schoolkids Finance

Enfin, phénomène encore marginal mais tout de même inquiétant, 13% des jeunes interrogés confirment avoir déjà opté pour une facilité de paiement fractionné (BNPL)… alors même qu'elle est légalement interdite aux mineurs (ce qu'ils ignorent). Là encore, l'engagement correspondant n'est pas pris en compte dans la vision qu'ont ces individus de leurs finances personnelles. Quelques réactions tendent d'ailleurs à démontrer qu'ils n'ont même pas conscience que le dispositif est équivalent à un emprunt.

En synthèse, l'étude présentée par ABN AMRO révèle deux lacunes majeures dans l'approche de l'argent par les adolescents. D'une part, ils rencontrent des difficultés à analyser correctement l'état de leur porte-monnaie. D'autre part, et cet aspect découle en partie (seulement) du premier, ils ne parviennent pas à maîtriser leurs comportements budgétaires (en comptant sur leurs parents, entre autres, pour les renflouer si nécessaire). Une telle irresponsabilité ne les prépare pas à la vie d'adulte autonome.

Comment les aider à se corriger ? Sur le premier point, on peut envisager des solutions techniques – de préférence incluses au cœur des logiciels qu'ils affectionnent particulièrement – capables d'agréger tous leurs actifs et passifs, en insistant sur les obligations qu'ils négligent. Sur le second volet, un accompagnement est indispensable. Une sorte de coach virtuel, associé à la fonction d'agrégation, pourrait certainement remplir ce rôle avec une dose de contextualisation propice à l'apprentissage.

vendredi 7 mars 2025

Curve avance dans le pilotage financier

Curve
Avec sa super-carte capable d'agréger différents moyens de paiement, Curve fournit déjà quelques outils d'optimisation des finances personnelles, notamment le choix a posteriori du support sur lequel est prélevée chaque dépense. Depuis peu, son option « ReFi » permet aussi aux utilisateurs de mieux maîtriser leurs encours de dettes.

La jeune pousse était jusqu'à maintenant focalisée sur la fonction de paiement, autorisant le porteur à choisir d'un geste (ou par l'intermédiaire d'une règle prédéfinie) le moyen le plus approprié pour régler chaque achat, qu'il s'agisse de sélectionner celui qui offre la récompense la plus généreuse ou de l'affecter à une carte de crédit sur lesquels les intérêts sont moins élevés, par exemple. Le tout en profitant de primes supplémentaires, de frais réduits à l'étranger et d'un suivi centralisé des transactions.

Désormais, Curve s'aventure donc dans un domaine complémentaire, du pilotage de l'argent. Grâce à sa connexion directe aux comptes de ses clients, elle peut en effet faciliter leur rééquilibrage, selon les circonstances et les besoins. Le cas le plus classique (et évident) est celui du remboursement d'un solde de carte de crédit ou son transfert vers une autre, aux conditions plus avantageuses, mais il pourrait également s'agir de combler un découvert avant qu'il n'engendre des pénalités prohibitives.

Concrètement, le nouveau service est, en quelque sorte, une extension de la faculté antérieure de revenir dans le passé – offrant la possibilité de changer l'instrument retenu pour une opération jusqu'à quatre mois après cette dernière –, l'ensemble des encours pouvant maintenant être déplacés à volonté. La proposition de valeur est particulièrement attractive car les alternatives peuvent se révéler lourdes à mettre en œuvre (entre autres les transferts de solde, nécessitant un contrôle d'éligibilité).

Le glissement qu'esquisse Curve d'une approche transactionnelle vers un modèle d'accompagnement dans la gestion budgétaire reflète à la fois une opportunité qui tend les bras à tous les acteurs disposant d'une vue sur la situation globale de leurs clients et un objectif incontournable afin de répondre aux attentes des consommateurs. Soulignons tout de même que la démarche reste ici embryonnaire : il faudrait encore l'appuyer avec des recommandations personnalisées d'optimisation des comptes, à la manière de celles qui suggèrent le recours à telle ou telle carte pour les achats.

Curve

jeudi 6 mars 2025

Cino partage les dépenses en temps réel

Cino
S'il existe aujourd'hui une multitude de solutions destinées à maîtriser les dépenses partagées, dans un couple ou dans un groupe, elles fonctionnent généralement par appel à contribution a posteriori. Afin d'éviter les moments gênants qu'engendre régulièrement ce genre de mécanisme, la carte de Cino autorise une répartition en temps réel.

Le principe de fonctionnement est relativement trivial. Chaque participant à un budget distribué, qui peut rejoindre ou quitter sa communauté à tout moment, connecte d'abord son compte bancaire ou sa propre carte de paiement, puis les règles de calcul des quote-parts sont établies. Dès lors, tous les achats réalisés avec les cartes virtuelles (Apple ou Google) mises à la disposition de tous les membres dûment enrôlés sont prélevés en proportion de ces ratios sur les différents instruments enregistrés.

Cette description vous rappelle quelque chose ? En effet, l'idée n'est pas neuve. Elle a été expérimentée autrefois (en 2014) par Tab, au Royaume-Uni, entre autres, et je crois qu'elle avait même germé il y a une quinzaine d'années dans l'esprit de trois entrepreneurs français, sous le nom de Léa (si ma mémoire est bonne). Aucune ne semble avoir survécu de cette époque pionnière et il aura donc fallu attendre une décennie pour que le concept revienne en force, apparemment avec plus de succès.

Voilà probablement un exemple typique d'innovation trop en avance sur son temps, les premières tentatives s'étant heurtées à des obstacles alors insurmontables, qui se sont progressivement effacés. Le plus problématique d'entre eux était à porter au passif des réseaux de cartes (Mastercard notamment), qui étaient encore réticents, dans les années 2010-2015, à accorder leur confiance à de jeunes pousses inconnues et leur permettre d'émettre des cartes pour des applications un tant soit peu originales. Notons au passage que le support en plastique, absolument incontournable avant la généralisation des porte-monnaie mobiles, limitait en outre la souplesse d'usage.

Accueil Cino

Mais un autre handicap historique est à rechercher du côté des consommateurs, pour lesquels une solution aussi élaborée à leur besoin de partager leurs frais ne constituait pas une priorité. En 2025, la génération Z, qui représente l'essentiel de la clientèle de Cino, est lasse des outils qui se contentent d'envoyer des messages de rappel à ceux qui n'ont pas encore réglé leur dû après la division d'une addition de restaurant et n'hésite plus à adopter une application qui simplifie la gestion de leur argent.

Si j'ai l'habitude de me moquer fréquemment des initiatives qui répliquent à l'identique des concepts ayant échoué par le passé, en considérant qu'elles n'ont pas plus de chances de réussir, il ne faut pas oublier que, parfois, ce sont les conditions externes qui déterminent le succès. Mais la leçon à retenir est la même dans tous les cas : quand on reprend une idée déjà testée et abandonnée, il est impératif d'analyser en profondeur les raisons de son échec et de s'assurer que la nouvelle itération les a écartées, soit par des modifications sur son implémentation, soit par l'évolution du contexte.

mercredi 5 mars 2025

Block attaque la carte de crédit avec le BNPL

Block
Trois ans après l'acquisition d'AfterPay, qui avait elle-même commencé à s'emparer de l'idée avec son propre compte de paiement, Block (ex-Square) introduit aux États-Unis sa solution de règlement fractionné au cœur de sa plate-forme bancaire pour les consommateurs, Cash App, et crée de la sorte une alternative tentante à la carte de crédit.

En effet, même si elle ne couvre pas tous les usages de cette dernière, en particulier les besoins de financement long (qui, de toutes manières, sont prohibitifs avec ce genre d'instrument et devraient être une option de dernier ressort), la carte de débit de la jeune pousse peut ainsi promettre une répartition à la demande des dépenses en quatre échéances, sur six semaines, sans aucuns frais (sauf incident de remboursement). Cerise sur le gâteau, Cash App propose déjà un programme de récompense, comme les affectionnent tant les américains avec leurs moyens de paiement.

L'ajout représente une opportunité attractive pour les utilisateurs, d'autant que la majorité d'entre eux appartiennent à une génération Z qui se défie des pièges de la carte de crédit, sans parler de tous ceux qui n'y sont pas éligibles en raison de leur historique financier trop limité ou trop précaire. Du point de vue de Block, la combinaison de ses deux lignes métier constitue un moyen de développer le volume d'activité sur les paiements, donc ses revenus, et de se démarquer un peu plus de la concurrence.

Le lancement de cette offre – auprès d'une sélection de clients dans 20 états, à ce stade – n'intervient pas maintenant par hasard. En 2024, l'agence de protection des consommateurs avait décidé d'appliquer au « BNPL » les réglementions en vigueur sur les cartes de crédit… mais son quasi-démantèlement par la nouvelle administration au pouvoir et le retrait progressif de toutes ses exigences redonnent du lustre au modèle et lui permettent de reprendre sa croisade contre les « vieilles » solutions.

Block ne fait pas preuve d'originalité avec son initiative, plusieurs déclinaisons du principe ayant vu le jour au fil des ans, entre la version très proche de CommBank en 2021 (StepPay) et les mariages entre BNPL et carte de crédit (entre autres chez ScotiaBank, en 2021 aussi, ou BMO en 2022). Rien ne dit que ces offres rencontrent un grand succès mais elles ne sont peut-être pas particulièrement mises en avant par des banques qui rechignent probablement à auto-cannibaliser une de leurs meilleures sources de profit. Cette fois, l'intérêt des clients pourra être mesuré objectivement.

AfterPay

mardi 4 mars 2025

ING élargit la mesure d'impact environnemental

ING
Comme beaucoup d'autres banques autour de la planète, ING Espagne offre désormais à ses clients (particuliers) un outil d'évaluation de leur empreinte environnementale à partir de leurs relevés de dépenses. Mais elle est une des premières à ajouter aux émissions de gaz à effet de serre une mesure de l'impact hydrique, tout aussi important.

Baptisée Mi ECOHuella, la nouvelle option intégrée à l'application mobile de l'établissement grâce à une collaboration avec le fournisseur technologique Clarity AI repose sur des mécanismes relativement classiques : une analyse des transactions bancaires combinée à un référentiel des données environnementales des produits et services de la vie courante permet d'estimer l'empreinte de chaque compte, à partir de laquelle elle préconise des actions personnalisées en vue de la réduire.

Alors que la majorité des solutions équivalentes se « contentent » aujourd'hui de calculer l'équivalent de CO2 généré par les opérations considérées, celle d'ING prend donc également en compte la consommation d'eau nécessaire à leur création et à leur usage (?). Celle-ci constitue un facteur critique de l'équation écologique – surtout en Espagne où la sécheresse est devenue un défi majeur depuis plusieurs années – trop souvent oublié dans les démarches de développement durable, malheureusement.

Naturellement, les esprits chagrins et autres réfractaires argueront que les valeurs restituées, même mijotées par une intelligence artificielle puissante, sont approximatives et ne reflètent pas fidèlement la réalité. Bien que juste, l'argument est toutefois hors sujet, ces plates-formes visant d'abord des objectifs de sensibilisation et, au mieux, d'engagement à la modération… qui se moquent d'exactitude.

Même si je reprocherai une fois encore à une institution financière de faire plus preuve d'initiative dans les incitations envers ses clients que dans sa propre performance « verte », la démarche d'ING s'avère intéressante d'un point de vue pédagogique, en rappelant aux consommateurs que leur comportement de tous les jours a des conséquences sur la désertification progressive de leurs campagnes, les rationnements d'eau de plus en plus fréquents… aussi visibles que la hausse des températures.

La promesse de recommandations personnalisées représente un autre aspect notable – et original – de Mi ECOHuella, d'autant plus avec un nouvel indicateur évidemment un peu obscur tel que l'impact hydrique des dépenses. En effet, face à des chiffres largement théoriques pour les non spécialistes, il est indispensable de guider les utilisateurs désireux de passer à l'action, en leur fournissant des arguments concrets les plus clairs possibles. À défaut, nous ne serions pas loin du « greenwashing »…

ING – Sécheresse
Illustration par Sven Lachmann (Pixabay)

lundi 3 mars 2025

Stratégie et instabilité des comités exécutifs

Gartner
Le mois dernier, le cabinet Gartner révélait que, selon une enquête menée auprès de 200 hauts responsables d'entreprises (les « CxO », en anglais, qui rendent directement compte au directeur général), plus de la moitié d'entre eux (56%) ont des velléités de quitter leur position actuelle dans les deux années à venir (et un quart d'ici six mois).

Ce niveau d'infidélité, qui touche particulièrement les plus anciens en poste, est probablement lié à la pression croissante qu'ils subissent, entre la demande d'en faire toujours plus, les attentes de plus en plus importantes vis-à-vis de leur département et le stress qu'entraînent leurs responsabilités. Pour les analystes qui partagent l'étude, spécialistes des ressources humaines, l'objectif est donc d'envisager des moyens de réduire le phénomène, en renforçant la fidélité de ces individus volages.

Pour ce qui me concerne, je propose d'explorer les impacts d'une telle situation, qui n'est, à mon avis, pas très récente, sur les stratégies des entreprises. Alors que celles-ci requièrent d'adopter une perspective à long terme, déjà mise à mal par les exigences des investisseurs et leur focalisation sur les résultats trimestriels, il va être difficile de compter sur un comité exécutif dont la moitié des membres pensent à leur prochain emploi pour se projeter dans des évolutions à cinq ou dix ans… et les défendre.

Les candidats au départ plus ou moins imminent ne sont pas les seuls à peser sur le sujet. Outre ceux qui cherchent à ne pas faire de vagues en attendant de prendre leur retraite prochainement, une bonne partie des responsables prennent grand soin de leur curriculum vitæ, se tenant prêt pour toute éventuelle opportunité qui se présenterait. Ils sont naturellement enclins à éviter de prendre des risques excessifs et préfèrent maintenir un profil intact, sans grand relief… mais, surtout, sans taches.

Tous ces facteurs conduisent à la réalité de la plupart des grands groupes aujourd'hui : leurs visions stratégiques ne portent aucune transformation majeure et leurs plans se réduisent à un assemblage de recettes éculées, visant essentiellement à améliorer l'efficacité opérationnelle. Quelles que soient les menaces à l'horizon – obsolescence technologique ou émergence d'une nouvelle catégorie de concurrence, par exemple –, personne n'est suffisamment impliqué pour proposer des changements radicaux.

Gartner HR Insights


dimanche 2 mars 2025

Bank of America, un miracle digital ?

Bank of America
Depuis des années, Bank of America se vante régulièrement du succès de son assistante virtuelle propulsée à l'intelligence artificielle, Erica, et, plus largement, de la conversion de ses clients aux vertus des interactions « digitales ». Les informations partagées reflètent-elles toutefois une véritable prouesse ou sont-elles un peu survendues ?

Au premier abord, les chiffres communiqués pour 2024, tous en hausse de plus de 10% par rapport à 2023, sont indiscutablement flatteurs : 14,3 milliards de connexions sur le web ou sur mobile au cours de l'année, 38 millions d'adeptes des transferts d'argent via les outils en ligne, presque autant qui souscrivent aux notifications proactives (et en ont reçu 12 milliards), environ 20 millions qui recourent à Erica pour les assister dans leurs finances au quotidien (676 millions de fois), 26 milliards d'interactions au total…

Décortiquons maintenant cette avalanche d'indicateurs. Commençons ainsi par rapporter les nombres d'utilisateurs au nombre de clients de l'établissement (69 millions aux États-Unis, selon ses propres données) : ils sont donc 55% à effectuer des virements à distance (ce qui est cohérent avec les 55% de ventes « digitales » signalées par ailleurs) et moins de 30% à consulter l'assistante virtuelle. Résultat certes honorable mais qui range probablement BofA dans le milieu du classement de la migration numérique.

Notons en outre que, au vu de la promotion qui en est faite et de sa mise en avant dans l'interface de son application pour smartphone, Erica ne semble pas posséder un pouvoir de séduction imparable… A contrario, l'attrait pour les alertes (principalement sur le solde de compte et les opérations de carte) paraît plus convaincant. La forte croissance observée sur ce terrain au cours des derniers mois est certainement explicable par la montée de la pression et des incertitudes qu'exerce le regain d'inflation (voire également les remous politiques et sociaux actuels ?) sur les finances personnelles.

Bank of America Digital Year

Concernant spécifiquement l'exploitation de l'agente virtuelle, nous obtenons donc une moyenne de 33 conversations par utilisateur par an, soit moins d'une par semaine. Selon toute vraisemblance, une grande partie d'entre elles touchent aux mêmes préoccupations courantes de suivi de l'état des comptes, auxquelles s'ajoutent, exemple cité par la banque, les interrogations liées aux passages d'ouragans et aux incendies de Los Angeles, pour lesquelles les réponses renvoyaient à un espace dédié.

Ce volume d'interactions enregistré est indubitablement significatif. Pourtant, son impact sur l'accoutumance « digitale » de la clientèle de Bank of America ne ressort pas de manière évidente en comparaison de la concurrence, ni sur l'adoption des outils ni sur la répartition des ventes. J'en conclurais que les consommateurs (et les professionnels) apprécient Erica pour son aide à naviguer dans les méandres des options des sites web et autres app mobiles (où se situerait donc le nœud des frictions), mais qu'elle n'influe guère sur leurs comportements profonds vis-à-vis de ces derniers.

vendredi 28 février 2025

Yomoni x Pretto : le projet immobilier étendu

Yomoni
Parce que la gestion des finances personnelle est un tout indissociable, Pretto intègre désormais dans son parcours d'emprunteur les offres d'investissement de Yomoni, autorisant de la sorte ses utilisateurs à préparer leur projet immobilier, de manière transparente, avant même d'être en position de souscrire un crédit.

Bien sûr, le besoin se fait d'autant plus ressentir dans la période actuelle où les difficultés croissantes d'accès aux financements combinées aux prix élevés des logements éloigne la perspective de devenir propriétaire pour beaucoup de ménages, en France comme ailleurs dans le monde. Au lieu de les abandonner et les laisser se décourager, Pretto choisit donc de les embarquer dans un parcours, certes plus sinueux et plus long, mais qui leur permettra malgré tout d'atteindre leurs objectifs… un jour.

Concrètement, aux visiteurs du spécialiste du prêt immobilier qui, lors d'une simulation de leur acquisition rêvée, aboutissent à une impasse, l'outil propose directement, sans quitter le site, les produits d'épargne de la plate-forme d'investissement, dont, en priorité, les mieux adaptés à leur contexte (notamment dans le registre de la minimisation des risques), dans l'optique de les aider à renforcer leur apport personnel et leur donner toutes les chances de décrocher, à terme, un crédit à des conditions optimales.

Yomoni x Pretto

Je ne suis pas certain que l'implémentation aille aussi loin mais, idéalement, le service devrait se transformer en un accompagnement dans la durée. En partant des attentes exprimées lors de l'évaluation initiale, il est possible d'estimer le montant de réserve nécessaire pour que le projet devienne réaliste. Dès lors, il serait intéressant d'assurer un suivi de l'évolution de l'épargne (peut-être assorti d'une prise en compte des tendances du marché immobilier), de manière à matérialiser le rapprochement de l'échéance, ne serait-ce que comme une incitation à poursuivre les efforts.

Il fut une époque, lointaine, dans laquelle l'individu qui envisageait d'acheter une première résidence se rendait dans son agence bancaire, où son conseiller analysait sa situation et était en mesure de lui recommander de telles stratégies personnalisées. Mais, aujourd'hui, même si les professionnels ont les compétences requises pour ce genre d'exercice (ce qui resterait à vérifier, je le crains), les changements de comportement apportés par la révolution numérique rendent l'approche caduque.

En effet, la méthode « normale » qu'adoptent désormais une grande partie (la majorité ?) des consommateurs afin d'explorer leur capacité à devenir propriétaire consiste à réaliser une simulation en ligne (auprès de leur banque ou ailleurs) et si celle-ci leur fournit une réponse négative, la probabilité est grande qu'ils s'en tiennent là, quels que soient les éventuels messages invitant à échanger avec un représentant en vue d'affiner l'étude. Le meilleur moyen de ne pas perdre le contact et, potentiellement, d'embrayer sur une autre opportunité, est évidemment de présenter celle-ci dans la foulée !